"Je ne suis pas mĂ©decin, mais..." Parler avec assurance de choses qu'on ne connaĂźt pas, c'est l'ultracrĂ©pidarianisme. Explications avec le philosophe et physicien Ătienne quoi, l'ultracrĂ©pidarianisme ? Câest lorsquâon parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas », explique le philosophe des sciences Ătienne Klein. On est tous pour ou contre le nuclĂ©aire, pour ou contre les nanosciences, pour ou contre les OGM. Mais qui dâentre nous est capable de dire ce quâon met vraiment dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire ? Ce quâest une rĂ©action de fission ? Quâimplique E = mcÂČ ? Quâest-ce que câest quâune cellule souche, un OGM ? Personne. » Le constat, dressĂ© par le philosophe des sciences Ătienne Klein, est sans appel. Ce qui sous-tend cette rĂ©flexion, câest un mot savant et ultra-compliquĂ© lâultracrĂ©pidarianisme. Ăa mâavait Ă©tonnĂ© quâon puisse avoir autant dâassurance alors mĂȘme quâon venait de dĂ©clarer quâon est incompĂ©tent » Mais lâultracrĂ©pidarianisme, câest quoi, au juste ? Ătienne Klein explique Câest lorsquâon parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas, et câest dĂ©rivĂ© dâune locution latine, âSutor, ne supra crepidamâ, qui veut dire le cordonnier ne doit pas parler au-delĂ de la chaussure. » Auteur dâun livre intitulĂ© Le GoĂ»t du vrai, qui vient de paraĂźtre, Ătienne Klein analyse comment la crise du Covid-19 a fait naĂźtre de nombreuses polĂ©miques, pas toujours fondĂ©es et pas toujours claires. Jâai notĂ© cette tendance-lĂ au tout dĂ©but de lâĂ©pidĂ©mie. Je rentrais du Chili et en arrivant en France, alors que le confinement avait commencĂ© depuis quelques jours, je voyais des tweets Ă©crits par des personnalitĂ©s politiques, parfois de trĂšs haut rang, qui commençaient par âJe ne suis pas mĂ©decin, mais je penseâŠâ etc. AprĂšs cette dĂ©claration honnĂȘte dâincompĂ©tence, sâensuivaient des injonctions sur ce quâil fallait faire ou penser Ă propos de tel ou tel traitement au tout dĂ©but de lâĂ©pidĂ©mie. Et ça mâavait Ă©tonnĂ© quâon puisse avoir autant dâassurance alors mĂȘme quâon venait de dĂ©clarer quâon est incompĂ©tent », explique Ătienne Klein. Nous sommes tous appelĂ©s Ă ĂȘtre victimes de cet ultracrĂ©pidarianisme Il cite deux psychologues amĂ©ricains, Dunning et Kruger, qui avaient remarquĂ© que, pour se rendre compte quâon est incompĂ©tent, il faut justement ĂȘtre compĂ©tent. Au dĂ©but, quand on dĂ©couvre un nouveau champ, on se sent spontanĂ©ment compĂ©tent. Par exemple, moi, jây connais rien en football. Mais si on me demandait dâĂȘtre sĂ©lectionneur de lâĂ©quipe de France de football, spontanĂ©ment, je dirais âPourquoi pas, ça a lâair simple. On sâasseoit sur un banc, on fait des gestes, on crie un peu et ça doit ĂȘtre suffisant pour que lâĂ©quipe gagne.â Et puis, en regardant les choses dâun peu plus prĂšs, on sâaperçoit que câest beaucoup plus compliquĂ©. » Pour Ătienne Klein, nous sommes tous appelĂ©s Ă ĂȘtre victimes de cet ultracrĂ©pidarianisme. Quand on converse au cafĂ© avec nos amis, on se dit des choses qui vont au-delĂ de nos compĂ©tences. Câest tout Ă fait naturel dans la conversation. Simplement, il faut en avoir conscience. Et quand on a une parole publique qui peut avoir des effets politiques importants, il faut ĂȘtre prudent », note Ătienne Klein. Il met en garde LâidĂ©e, câest pas du tout de dire que chacun est contraint dans sa libertĂ© Ă laisser la parole aux experts. En fait, en dĂ©mocratie, nâimporte qui a le droit de poser une question aux experts, de les interpeller, de les interroger. Mais câest pas ce qui est fait lĂ . Câest on donne son avis sans savoir. » septembre 2020 0612C'est quoi, l'ultracrĂ©pidarianisme ? Câest lorsquâon parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas », explique le philosophe des sciences Ătienne Klein. On est tous pour ou contre le nuclĂ©aire, pour ou contre les nanosciences, pour ou contre les OGM. Mais qui dâentre nous est capable de dire ce quâon met vraiment dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire ? Ce quâest une rĂ©action de fission ? Quâimplique E = mcÂČ ? Quâest-ce que câest quâune cellule souche, un OGM ? Personne. » Le constat, dressĂ© par le philosophe des sciences Ătienne Klein, est sans appel. Ce qui sous-tend cette rĂ©flexion, câest un mot savant et ultra-compliquĂ© lâultracrĂ©pidarianisme. Ăa mâavait Ă©tonnĂ© quâon puisse avoir autant dâassurance alors mĂȘme quâon venait de dĂ©clarer quâon est incompĂ©tent » Mais lâultracrĂ©pidarianisme, câest quoi, au juste ? Ătienne Klein explique Câest lorsquâon parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas, et câest dĂ©rivĂ© dâune locution latine, âSutor, ne supra crepidamâ, qui veut dire le cordonnier ne doit pas parler au-delĂ de la chaussure. » Auteur dâun livre intitulĂ© Le GoĂ»t du vrai, qui vient de paraĂźtre, Ătienne Klein analyse comment la crise du Covid-19 a fait naĂźtre de nombreuses polĂ©miques, pas toujours fondĂ©es et pas toujours claires. Jâai notĂ© cette tendance-lĂ au tout dĂ©but de lâĂ©pidĂ©mie. Je rentrais du Chili et en arrivant en France, alors que le confinement avait commencĂ© depuis quelques jours, je voyais des tweets Ă©crits par des personnalitĂ©s politiques, parfois de trĂšs haut rang, qui commençaient par âJe ne suis pas mĂ©decin, mais je penseâŠâ etc. AprĂšs cette dĂ©claration honnĂȘte dâincompĂ©tence, sâensuivaient des injonctions sur ce quâil fallait faire ou penser Ă propos de tel ou tel traitement au tout dĂ©but de lâĂ©pidĂ©mie. Et ça mâavait Ă©tonnĂ© quâon puisse avoir autant dâassurance alors mĂȘme quâon venait de dĂ©clarer quâon est incompĂ©tent », explique Ătienne Klein. Nous sommes tous appelĂ©s Ă ĂȘtre victimes de cet ultracrĂ©pidarianisme Il cite deux psychologues amĂ©ricains, Dunning et Kruger, qui avaient remarquĂ© que, pour se rendre compte quâon est incompĂ©tent, il faut justement ĂȘtre compĂ©tent. Au dĂ©but, quand on dĂ©couvre un nouveau champ, on se sent spontanĂ©ment compĂ©tent. Par exemple, moi, jây connais rien en football. Mais si on me demandait dâĂȘtre sĂ©lectionneur de lâĂ©quipe de France de football, spontanĂ©ment, je dirais âPourquoi pas, ça a lâair simple. On sâasseoit sur un banc, on fait des gestes, on crie un peu et ça doit ĂȘtre suffisant pour que lâĂ©quipe gagne.â Et puis, en regardant les choses dâun peu plus prĂšs, on sâaperçoit que câest beaucoup plus compliquĂ©. » Pour Ătienne Klein, nous sommes tous appelĂ©s Ă ĂȘtre victimes de cet ultracrĂ©pidarianisme. Quand on converse au cafĂ© avec nos amis, on se dit des choses qui vont au-delĂ de nos compĂ©tences. Câest tout Ă fait naturel dans la conversation. Simplement, il faut en avoir conscience. Et quand on a une parole publique qui peut avoir des effets politiques importants, il faut ĂȘtre prudent », note Ătienne Klein. Il met en garde LâidĂ©e, câest pas du tout de dire que chacun est contraint dans sa libertĂ© Ă laisser la parole aux experts. En fait, en dĂ©mocratie, nâimporte qui a le droit de poser une question aux experts, de les interpeller, de les interroger. Mais câest pas ce qui est fait lĂ . Câest on donne son avis sans savoir. »Vous aimerez aussi
Lart le plus nĂ©cessaire Nâest pas de bien parler, mais de savoir se taire. Lâart le plus nĂ©cessaire Nâest pas de bien parler, mais de savoir se taire. Voltaire. Le Dico des citations. â Câest bien en vain que, par lâorgueil sĂ©duits, Huet, Calmet, dans leur savante audace, Du paradis ont recherchĂ© la place : Le paradis terrestre est oĂč je suis. Chat Ă©chaudĂ©
L'art L'art ne doit pas seulement ĂȘtre entendu dans le sens de beaux-arts » il ne faut pas oublier l'art de l'artisan, qui lui aussi rĂ©clame une technique, c'est-Ă -dire un ensemble de rĂšgles Ă respecter. Il est clair cependant que les beaux-arts n'ont pas la mĂȘme finalitĂ© puisqu'ils recherchent le beau et produisent des objets dĂ©pourvus d'utilitĂ©. Ce n'est qu'au xviiie siĂšcle que le terme d'art a Ă©tĂ© rĂ©duit Ă la signification que nous lui connaissons actuellement. Il avait jusque-lĂ servi Ă dĂ©signer toute activitĂ© humaine ayant pour but de produire des objets en ce sens, l'art s'oppose Ă la nature, qui est l'ensemble de tout ce qui se fait sans que l'homme ait Ă intervenir. L'art rĂ©clame toujours des rĂšgles lorsque l'on est charpentier comme lorsque l'on est musicien, il faut observer des rĂšgles si l'on veut produire l'Ćuvre dĂ©sirĂ©e. C'est exactement ce que veut dire le mot technĂš en grec la technique, c'est l'ensemble des rĂšgles qu'il faut suivre dans un art donnĂ©. Les meilleurs professeurs de Philosophie disponibles4,9 17 avis 1er cours offert !5 152 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !5 63 avis 1er cours offert !5 24 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !5 14 avis 1er cours offert !5 20 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 152 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !5 63 avis 1er cours offert !5 24 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !5 14 avis 1er cours offert !5 20 avis 1er cours offert !C'est partiII/ Qu'est-ce qui diffĂ©rencie les beaux-arts de l'art de l'artisan ? L'artisan a pour but de produire des objets d'usage c'est l'usage qu'on va faire de l'objet qui dĂ©termine ses caractĂ©ristiques et donc la façon dont on va le fabriquer. L'artiste quant Ă lui ne vise pas l'utile, mais le beau. Si l'habiletĂ© technique est la limite supĂ©rieure de l'art de l'artisan, elle est la limite infĂ©rieure des beaux-arts alors qu'on attend d'un objet courant qu'il soit bien conçu et rĂ©alisĂ© de façon Ă ĂȘtre d'usage aisĂ©, on n'attend pas simplement d'un tableau qu'il soit bien peint, mais qu'il Ă©veille en nous le sentiment du beau. III/ Peut-on dĂ©finir ce qu'est le beau ? Deux grandes conceptions s'affrontent dans l'histoire de la philosophie soit le beau est une caractĂ©ristique de l'objet, soit il est un sentiment du sujet. La premiĂšre doctrine remonte Ă Platon une chose est belle quand elle est parfaitement ce qu'elle doit ĂȘtre ; on peut parler d'une belle marmite, quand cette marmite rend exemplaire l'idĂ©e mĂȘme de marmite. La seconde est inaugurĂ©e par Emmanuel Kant le beau n'est pas une caractĂ©ristique de l'objet, c'est un sentiment du sujet, Ă©veillĂ© par certains objets qui produisent en nous un sentiment de libertĂ© et de vitalitĂ©. En effet, le sentiment du beau est le libre jeu » de l'imagination et de l'entendement le beau suscite un jeu de nos facultĂ©s par lequel nous Ă©prouvons en nous le dynamisme mĂȘme de la vie. IV/ Le beau dĂ©pend-il du goĂ»t de chacun ? Selon Kant, la rĂ©ponse est nĂ©gative le beau plaĂźt universellement, mĂȘme s'il s'agit d'une universalitĂ© de droit, et non de fait. Si je juge une Ćuvre belle alors que mon voisin la trouve laide, la premiĂšre chose que je tenterai de faire, c'est de le convaincre. C'est ce qui diffĂ©rencie le beau de l'agrĂ©able l'agrĂ©able est affaire de goĂ»t et dĂ©pend du caprice de chacun, alors que le beau exige l'universalitĂ©. Le beau peut ĂȘtre universel parce qu'il fait jouer des facultĂ©s qui sont communes Ă tous les sujets le sentiment que j'Ă©prouve devant la belle Ćuvre peut, en droit, ĂȘtre partagĂ© par tous. Pour Kant cependant, cette dĂ©finition vaut aussi bien pour le beau naturel que pour le beau artistique ; en un sens, le beau naturel peut ĂȘtre selon lui supĂ©rieur au beau artistique, parce qu'il est purement gratuit la belle Ćuvre est faite pour plaire, et cette intention, quand elle est trop visible, peut gĂącher notre plaisir ; rien de tel avec un beau paysage. Vous cherchez un professeur de philosophie pour progresser ? V/ L'Ćuvre d'art a-t-elle une fonction ? Contrairement Ă l'objet technique qui trouve la raison de son existence dans son utilitĂ©, l'Ćuvre d'art semble ne pas avoir de fonction particuliĂšre. Suffit-il alors de rendre un objet technique inutilisable pour en faire une Ćuvre d'art ? C'est en tous cas la thĂ©orie du ready-made de Marcel Duchamps. Pour Kant cependant, cette inutilitĂ© n'est pas simplement une absence de fonction elle rĂ©sulte de la nature mĂȘme du beau. Dire qu'une fleur est belle ne dĂ©termine en rien le concept de fleur le jugement esthĂ©tique n'est pas un jugement de connaissance, il ne dĂ©termine en rien son objet, qui plaĂźt sans qu'on puisse dire pourquoi. C'est ainsi parce que le beau plaĂźt sans concept que l'Ćuvre ne peut pas avoir de finalitĂ© assignable. VI/ L'art sert-il Ă quelque chose ? Que l'Ćuvre d'art n'ait pas de fonction assignable ne signifie pas que l'art ne sert Ă rien Hegel, dans son EsthĂ©tique, lui assigne mĂȘme la tĂąche la plus haute. Une Ćuvre n'a pas pour but de reproduire la nature avec les faibles moyens dont l'artiste dispose, mais de la recrĂ©er. Dans le tableau, ce n'est donc pas la nature que je contemple, mais l'esprit humain l'art est le moyen par lequel la conscience devient conscience de soi, c'est-Ă -dire la façon par laquelle l'esprit s'approprie la nature et l'humanise. C'est donc parce que nous nous y contemplons nous-mĂȘmes que l'art nous intĂ©resse. Certes, un outil est aussi le produit de l'esprit humain ; mais il a d'abord une fonction utilitaire et pratique. En contemplant une Ćuvre d'art en revanche, nous ne satisfaisons pas un besoin pratique, mais purement spirituel c'est ce qui fait la supĂ©rioritĂ© des Ćuvres sur les autres objets qui peuplent notre monde. La citation Est beau, ce qui plaĂźt universellement et sans concept. » Emmanuel Kant
KPA9.